Bonjour !
Ce septième numéro de A3 a été réalisé au mois de mars 2023 avec la CyberGrange dans le quartier de Neuhof. Le thème Diversité des Publics a été retenu par l'équipe salariée du lieu pour servir de fil rouge à la création de ce numéro. Des temps de travail collectif ont ensuite été organisés avec la communauté et les partenaires (centre social). Les contenus ont été réalisés conjointement par les membres de la CyberGrange et par le collectif A3.
Contributions >
Mélanie, Jérôme, Héléné, Eléna, Mida, Lamia, Anwar, l'équipe et les jeunes du centre social de l'espace Auriol,
Antonin et Hugo du collectif A3
Typographie >
Famille VENUS +
Graphisme >
Hugo (A3) @Hugo.soriso
La Cybergrange n'est pas un projet, c'est une intention : intervenir quelque part entre les machines et les humains.
Parce qu'on croit que l'informatique, l'artisanat, le bricolage, le design, ça peut être formidable, ça peut t'aider au quotidien, ça peut permettre de créer des choses plus belles, ça peut te permettre d'en faire un métier...
Mais pour que ce soit vrai pour toutes et tous, il faut des espaces pour que tout le monde se sente à l'aise à utiliser ces outils. Ce qu'on fait, c'est créer ces espaces, avec des jeunes, des gens plus âgés, des entrepreneurs, des étudiant-es, des familles.
On peut comme Lamia avec son projet (voir rubrique MICRO) être suivi individuellement. Formation aux outils informatiques, conseils… on part de là où vous êtes et on vous accompagne là où vous avez besoin d’aller.
Pour créer, par curiosité ou bien pour se former on peut aussi accéder à l’Atelier de Fabrication numérique (brodeuse, imprimante 3D, découpeuse laser, outils plus classiques…). Retrouvez ces machines et ces outils dans les rubriques BIENTÔT et au VERSO de la revue, devenus les protagonistes d'histoires inventées avec les enfants du centre social et de dessin les imaginant transformés en orchestre du fablab.
Pour les plus jeunes, les “clubs” permettent de découvrir des outils et d’apprendre en faisant (voir TUTO et la mini borne d’arcade fabriquée pendant les vacances scolaires). Iels sont aussi accueilli.e.s lors d’ateliers animés avec les centres du quartier.
Réparer, reconstruire, réemployer, c'est des ateliers d'auto-réparation en pied d'immeuble, où on essaie de soigner les appareils du quotidien, de remettre sur pied du mobilier, de réparer et upcycler des vêtements. Découvrez ce format dans la rubrique HISTO !
Nous proposons aussi des formations courtes, des stages, une communauté d’entraide…
On a, autour de notre objet social, toujours envie d'accueillir et de voir grandir de nouvelles idées, de nouveaux projets. La Cybergrange, c'est aussi ton terrain de jeu !
Explorer les courants artistiques, mouvements sociaux ou les pratiques passées qui font l'histoire de nos lieux.
A la fin des années 2000, aux Pays-Bas, une certaine Martine Postma, militante écologiste, organise pour la toute première fois un atelier pendant lequel les personnes du quartier sont accompagnées pour réparer leurs objets plutôt que de les jeter. Comprendre le fonctionnement des objets, réduire les émissions de CO2, économiser en évitant d’avoir à racheter du neuf, se transmettre des connaissances entre générations …
Autant de raisons qui font le succès immédiat de ces Ateliers de Réparation.
Depuis, une association officielle a été créée, plusieurs milliers d’ateliers de ce type ont été organisés partout en Europe et aussi ici à la CyberGrange !
Une fois par mois, nous essayons de changer notre rapport au monde qui nous entoure en comprenant comment sont fabriqués les objets et comment nous pouvons en prendre soin. Quiconque a déjà réussi à réparer son mixeur, son vélo, un jean ou à remettre à neuf du mobilier, connaît le sentiment de magie et de joie procuré par ces petites résurrections.
Au Japon, l’art Kintsugi serait apparu à la fin du 15ème siècle, il consiste à réparer des objets de vaisselle cassés, en utilisant de la poudre d’or mélangée à de la résine de plante, appliquée sur les fissures. La casse de l’objet n’est plus sa fin, mais le début d’une nouvelle vie. A Neuhof aussi inventons des manières de faire (re)vivre les objets.
Découvrir les lieux à travers des entretiens avec celles et ceux qui les fréquentent
Bonjour Lamia, comment as-tu créé ta marque Les Mélodies d’Abeline ?
Les Mélodies d’Abeline c’est une marque d’accessoires pour les femmes et les enfants.J’ai toujours fait des choses de mes mains, de la broderie, de la peinture, de manière autodidacte, insipirée par ma grand-mère Abeline, qui m’a initié à la création. D’origine Franco-Algérienne (ma grand-mère vient du Pas-de-Calais), j’ai décidé de m’installer ici avec mes deux enfants il y a quelques années, et depuis peu de lancer ma propre marque, pour faire plus de place à ma passion et à l’envie d’en faire mon activité professionnelle. J’aime créer des choses pour les enfants, comme mes gigoteuses, qui sont personnalisées et dans lesquelles je mets un peu de moi et de mon âme.
Pourquoi est-ce que tu viens à la CyberGrange ?
Je suis au tout début de la création de ma marque. Créer, broder, je sais très bien le faire, mais pour le reste j’apprends tous les jours, et c’est pour ça que je viens ici.J’ai contacté plusieurs organismes, pour trouver de l’aide sur la partie accompagnement de lancement d’activité. Ce sont deux autres structures, Cités Lab et Activ’action, qui m’ont fait découvrir la CyberGrange et le programme Coup de Pouce Numérique, un accompagnement pour les créateur.rice.s d’entreprises et une découverte des outils numériques. J’étais particulièrement intéressée par les enjeux de visibilité et de communication en ligne.
Et alors comment s’est passé cet accompagnement ?
J’ai d'abord eu un premier RDV avec Mohamed qui travaille ici, avec qui on a pu identifier mes besoins, assez variés. Dès notre deuxième RDV j’ai pu obtenir un ordinateur portable, parce que je n’en avais pas. J’étais hyper contente. Je l’utilise tout le temps. Ensuite on a eu des RDV, de manière assez libre, à mon rythme, en fonction de mes besoins. Au tout départ on a pu s’intéresser à la création de mon logo, j’ai découvert un logiciel sur lequel j’ai été formée et accompagnée et j’ai pu transformer un de mes dessins réalisé à l’aquarelle en logo numérique. Une autre dimension de cet accompagnement, très utile pour moi, a été de pouvoir prototyper des objets ou des accessoires, comme des tampons ou des étiquettes, avant de les faire produire par des artisans locaux. Ce qui m’a permis de bien vérifier mes besoins et d’ajuster mes demandes.
Et quelles sont les prochaines étapes pour Les Mélodies d’Abeline ?
Il me reste encore à créer une entreprise et à obtenir un numéro de SIRET pour pouvoir me lancer à 100%, ce que j’espère pouvoir faire d’ici le début de l’été. J’ai aussi un accompagnement sur ce volet de la part de Cité Lab, dans le même esprit qu’ici, bienveillance, respect du rythme de chacun.e. D’être ici ça me donne des envies et des inspirations, comme faire des pochoirs, ajouter des éléments personnalisés dans mes décors de prise de photo, et puis je regarde aussi du côté de la brodeuse à commande numérique, avec laquelle je pourrais peut-être faire des choses complémentaires de mon travail de broderie à la main. On a aussi prévu de pouvoir travailler sur mes contenus vidéos pour les réseaux sociaux.
J’aime beaucoup l’ambiance et la disponibilité des personnes dans ce lieu. Je ne cherche pas qu’un accompagnement technique, venir ici c’est aussi pouvoir échanger avec des personnes qui ont un regard extérieur sur mon projet, mes réalisations, mes propositions, et ça m’aide vraiment.
Retrouvez le travail de Lamia :
https://www.tiktok.com/@les.melodies.d.abeline
Nos lieux dessinent des futurs, tentatives de récits de prospective ou de science-fiction.
Textes écrits avec les enfants du centre social de l'espace Auriol, lors d'un atelier de cueillette de mots au fablab, suivi de temps d'invention d'histoires à partir des mots récoltés.
Histoire n°1
Il était une fois dans un centre aéré, des petits enfants qui s’amusaient dans la cour de récrée. Les enfants s’amusaient tellement qu’il ne rendirent pas compte que quelque chose d’étrange était en train de se passer, l’environnement s’était transformé et l’endroit était devenu comme magique. Tout à coup, sous les yeux ébahis des enfants, une perruche sortit d’une oasis de couleurs. Cette perruche était spéciale, elle portait des chaussures imprimées en 3D et était vraiment très colorée. Les enfants étaient si émerveillés qu’ils ne virent pas arriver l’armée de machines-robots qui se dirigeait vers eux depuis la direction opposée. Il y avait toutes sortes de machines : une machine à café, une découpe laser ou encore un ordinateur. On aurait dit une révolte des machines. Mais qui étaient de tailles réduites. Sous les rires des petits, la perruche se mit à attaquer les robots, et elle se battait tellement bien que les enfants furent surpris. Mais l’animateur se mit à les appeler, doucement d’abord puis de plus en plus fort : les enfants se réveillèrent et sortirent du rêve coloré.
Histoire n°2
Il était une fois près du Rhin, dans une salle hantée, une découpe laser et une brodeuse. Un soir, à l’arrivée du fantôme, le fantôme toucha la brodeuse et il eu du gras sur les doigts.
Histoire n°3
Il était une fois en 2070 dans le FUTUR au Neuhof, des gens avaient ouvert une nouvelle salle de jeu. Alors qu’on jouait on remarqua une porte bizarre. On est rentrés en cachette et on a trouvé une imprimante 3D. On a appuyé sur un bouton et l’imprimante 3D a commencé à chanter des chansons.
Découvrez le modèle de fonctionnement d'un lieu, présenté par les équipes qui le portent.
Histoire du lieu
Courant 2019 des acteurs du quartier de Neuhof (au sud-est de Strasbourg), principalement des association, des services public et deux entreprises se réunissent. Le centre social, les éducateurs de rue, le collège, la ville, une entreprise de programmation qui travaille sur l'acculturation, au numérique une entreprise de formation, un deuxième centre social... Ces acteurs se rencontrent, pour échanger sur les actions déjà initiées par chacun.e autour du numérique. Le centre social propose des temps d'accueil et d'accompagnement, les éducateurs ont acheté une imprimante 3D pour commencer à faire des ateliers avec les enfants, certains font des repairs PC...
Chacun.e propose déjà à son échelle une petite brique d'une offre de services et la première idée est de mutualiser les ressources. Après une dizaine de rencontres les structurent conscientes de l'intérêt de se qui se construit, embauchent une consultante pour les aider à retranscrire leurs échanges et à écrire un projet.
Une note d'une vingtaine de page pose des grands principes et souligne l'intérêt d'un tel projet d'un point de vue éducatif, pour l'accès à l'emploi, ou encore pour l'accompagnement des citoyens à la prise en main des outils numériques.
Le groupement d'acteurs est en contact avec la préfecture qui les informe de la sortie de l'AAP Fabrique de Territoire. Le consortium y répond et l'emporte, ce qui offre accès à un budget d'amorçage pour ce projet. Une personne pourra donc être recrutée pour mettre en oeuvre leurs idées.
Plutôt que de créer une structure le centre social propose alors de porter juridiquement le projet tout en laissant une véritable liberté et autonomie aux équipes.
Peu après vient la COVID, qui à la fois suspens la dynamique tout en faisant exploser l'activité. Les besoins sont nombreux et les manques colossaux. Tout est mis en oeuvre pour répondre aux besoins des familles. Des ordinateurs sont récupérés et des jeunes embauchés en contrat de vacation pour remettre le matériel en état avant de le distribuer aux personnes du quartier. Un standard téléphonique d'accompagnement est organisé pour faciliter la prise en main de ce matériel informatique. Des petits kits sont produits pour être distribués avec les PC et montrer comment s'en servir. Plus de 200 familles sont équipées.
A l'été 2020 des activités en pleine air d'acculturation sont proposées (robotique, des repairs pc) pendant les vacances. L'équipe de renforce avec l'arrivée d'une médiatrice numérique qui peut animer ces ateliers.
Un peu de matériel est acheté pour constituer une première version d'un fablab, ces ressources permettant l'animation d'ateliers, l'acculturation mais aussi la découverte de métiers. Une première formation intitulée Numensoft, d'assistant fabmanager est fléchée pour des jeunes en décrochage et dure 7 mois. De plus une offre est structurée à destination des entrepreneurs et des habitants du quartier qui souhaitent utiliser ces machines et outils.
En 2021 il y a quatre personnes dans l'équipe. Une activité de réparation est aussi initiée à ce moment là.
En 2022 les activités sont organisées en quatre pôles : un pôle de médiation numérique (accompagnement habitant, actions éducatives...), un pôle formation, un pôle dédié aux activités de réemploi et de réparation et un pôle fablab.
Arrivé en 2022 il y a sept personnes dans l'équipe. Le passage d'une personne salariée à sept personnes salariées en moins de trois ans s'explique par le fait que chacun des projets proposé et développé par la CyberGrange est porté par un ensemble de structures partenaires, et suivi par les collectivités qui les accompagnent.
De plus le centre social (CSC Neuhof) a investit de ses fonds propres et assure les fonctions supports facilitant la construction d'un modèle qui aurait peut-être peiné à trouver l'équilibre les deux premières années.
Suite à ces premiers temps de l'histoire de la CyberGrange plusieurs chantiers sont entrepris et actuellement en cours, parmi lesquels la création d'une structure associative indépendante du CSC, la poursuite de la construction d'un modèle économique, l'ouverture de la gouvernance ou encore la création d'un nouveau lié dédié aux pratiques de réparation...
Le site de la CyberGrange :
https://www.cybergrange.eu/
VERSO
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