Bonjour !
Ce premier numéro de A3 a été écrit entre mars et avril 2021, il est né de la volonté de plusieurs fablabs et tiers-lieux d'île-de-france de prolonger le bel élan de collaboration et d'échanges initié lors de la crise COVID-19 et ayant mené à la production distribuée de plusieurs centaines de milliers d'accessoires pour les soignant.e.s.
Textes : Julie Garnier, Antonin Fournier, Arnaud Malher
Graphisme : Anouk Chambon, Hugo Sandevoir, Marie Deshift
Bagnolet 2047
Les fablabs, de quoi parle-t-on ?
Floquer un T-Shirt
Les Shakers
Cécile Bachot - Artisan Verrier
Carte des lieux d'IDF
Les fablabs on en entend beaucoup parler.
Tour à tour lieux décriés comme promoteurs d’une vision technologisante de la société, puis encensés comme espaces de mobilisation citoyenne et de production face aux pénuries de matériel médical pendant le confinement, que sont véritablement ces lieux ?
Loin de tenter d’apporter une réponse univoque, cette revue tentera de donner à voir la diversité de ces espaces et des problématiques qu’ils traitent au quotidien, mais aussi des visions qu’ils portent. Chaque numéro viendra apporter un peu de complexité au sujet, et ainsi on l’espère, contribuer à le rendre davantage accessible. Mais essayons tout de même d’esquisser quelques éléments d’une définition commune.
Avant toutes choses les fablabs et tiers-lieux ce sont des réseaux de lieux et de gens, qui partagent une culture du “faire”. Ils promeuvent l’idée selon laquelle toute personne peut s’emparer de n’importe quel sujet, à condition qu’on lui en donne les moyens (matériels/techniques, éducatifs, sociaux, temporels…). Ce sont donc des lieux d’accès aux savoirs et aux outils.
Faire, oui mais pourquoi ? Pour comprendre et s’approprier les enjeux techniques, pour construire des projets, pour déconstruire des idées, pour s’amuser, par nécessité économique… Nous le verrons, les raisons sont, elles, multiples. Ce qui reste commun c’est l’envie d’avancer collectivement, en documentant (sous forme de tutoriel ou de récits) ce sur quoi nous travaillons afin d’en faciliter l’accès et le partage. Et oui c’est ce que l’on fait ici !
Explorer les courants artistiques, mouvements sociaux ou les pratiques passées qui font l'histoire de nos lieux.
Les Shakers
Qui sont les Shakers ? Une communauté protestante anglo-saxonne, qui émigre en Amérique du Nord pour fuir la persécution religieuse. Ils étaient établis dans les environs de Boston et visaient l’autarcie, fabriquant eux-mêmes meubles,
vêtements, etc.
Pourquoi les «Shakers» ? Parce qu’ils manifestaient leur foi en chantant et dansant, d’où ce nom (les “remueurs”, en quelque sorte). Il ne faut pas les confondre avec les Amishs ou les Quakers. Ils prônent la vie en communauté et vivent simplement mais loin de refuser le progrès, ils cherchent toujours à améliorer leur environnement. Ils prônent également l’égalité des sexes. Tout le monde doit travailler et contribuer, tant à la maison que sur les tâches communes au village. Pour entrer dans la communauté, il faut accepter de confesser
publiquement ses péchés et faire vœu de célibat.
Les Shakers sont également devenus célèbres chez les designers pour leur mobilier, qui est dépouillé de tout ajout décoratif. Cet épure, à la base devant servir leur vie monacale, est un précurseur au fonctionnalisme du XXème siècle. Ils sont également à l’origine d’inventions qu’on utilise tous les jours : fauteuil à bascule, scie circulaire, pince à linge (entre autres).
Voir plus : Shakers, la secte américaine qui a inventé le minimalisme.
Découvrir les lieux à travers des entretiens avec celles et ceux qui les fréquentent
Où est ton FabLab ?
C’est la coopérative Pointcarré à Saint-Denis. Mon temps de trajet: 2 minutes à pied! Ça me permet d'y aller dès que j'ai besoin, le dimanche, le soir… c'est comme ma maison! On a un système coopératif. Chacun a sa clé pour rentrer dans le bâtiment et la clé de l'atelier est collective. C’est vraiment sympa. Je suis vitrailliste de métier. Dans le vitrail traditionnel, ce sont des baguettes de plomb souple qui détourent les pièces. Et comme le plomb – on le sait – n’est pas bon pour la santé, j’ai décidé de m’en passer au moins pour le sertissage. Donc, juste en découpe laser, je fais une résille en médium ou en bois et je vais enchâsser mes pièces de verre dedans.
Du coup aujourd'hui tu ne te sers plus du tout du plomb?
Non à part pour peindre.
Quelle était ton idée des fabLabs avant d'en connaître un pour de vrai?
Quand je suis arrivée à Pointcarré, je me suis dit « c'est un FabLab » alors qu’eux-mêmes ne s'appelaient pas comme ça. Je me suis demandée pourquoi. J'avais cette idée d'un espace high-tech mais avec du craft, quelque chose que moi je pouvais utiliser peut-être. Maintenant ça me fait penser vraiment à un atelier de fabrication, donc j'ai aussi une image de scie sauteuse quand je pense à un FabLab, alors qu'avant je pensais à des machines de l'espace !
Nos lieux dessinent des futurs, tentatives de récits de prospective ou de science-fiction.
Julie se réveille, la lumière de la lune pleine avait pénétré sa chambre et l’empêchait de dormir. Pour lutter contre l'insomnie, elle avait laissé son esprit se perdre dans les détails techniques du séchoir solaire en construction sur les toits de son immeuble. Elle salivait à l’idée des belles tomates estivales transformées pour égayer l’hiver et apporter un contrepoint salvateur aux éternelles blettes. Il lui manquait encore à imprimer en 3D des pièces de jonction et à opter pour le matériau le plus approprié - plastique recyclé ou spiruline élevée dans le quartier. Elle trouverait certainement un avis sur le sujet, documenté sur la Mémoriathèque, réseau de micro-ordinateurs hébergeant les données de chaque bloc d’immeuble (allez tchao les GAFAM). De toute manière, iels allaient pouvoir y réfléchir ensemble à l’Atelier pendant les sessions de chantier (c’était si bon de s’être débarrassé du salariat et d’avoir enfin le temps pour s’occuper de tout ça…). Quand elle en eu assez de penser au commun elle se fit une infusion aux herbes sauvages de Bagnolet et se lança dans le dessin de motifs pour une potentielle tapisserie. Elle n’en avait jamais fait, mais avait déjà hâte d’apprendre.
Dans chaque numéro un tuto élaboré par un de nos lieux.
Verso
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