Bonjour !
Ce dixième numéro de A3 a été réalisé entre janvier et juin 2024 avec le RedLab (le réseau des Labs d'Occitanie), la Coopérative Tiers-Lieux (Nouvelle-Aquitaine) et le collectif A3
. Le RedLab est le réseau maker référent de RhinOcc, le réseau et hub pour l'inclusion numérique en Occitanie porté par La Mêlée qui a soutenu ce projet grâce à la Banque des Territoires de la Caisse des Dépôts et Société Numérique de l'ANCT. Ce A3 est permis aussi par la mise en .réseau de la Fab Région Occitanie, de la Rosêe - le réseau des Tiers-Lieux d'Occitanie, le RFFLabs, l'ANTL et France Tiers-Lieux.
Contributions >
Rajaa
Nouali du FabLab
de Nîmes, Nathalie Chauvac de Scool, Peter
Wollny d'AciLab, Antoine
Ruiz-Sco.rletti /
Clément Manidren / Rémi Mauvoisin
du RoseLab, Louis Salgueiro de RhinOcc
Collaborations > Avec le collectif A3 et une inspiration du MakerZine
Coordination > Antoine Ruiz-Scorletti pour la Manufacture Distribuée et le RedLab
Typographie > Une typographie de fabrication open source fabriquée
Pépite et le Fai.re Festival
Graphisme > Sophie Baux de la Coopérative Tiers-Lieux
Impression Riso > Soriso
Les Espaces du Faire, nom commun des FabLabs / MakerSpaces / Ateliers partagés / Manufactures sont des lieux qui permettent à tous et toutes, pour le loisir ou le travail, de concevoir, fabriquer et réparer des objets notamment grâce à la fabrication numérique. Pour créer des objets, faire en réseau, partager des fichiers, le numérique est présent dans ces lieux collaboratifs et les communautés makers (personnes qui font par eux-mêmes et avec les autres) le rendent accessible par des moyens détournés : c’est ce qui est dorénavant appelé l’inclusion numérique par le Faire.
L’inclusion par le Faire se fonde, dans le cadre d’un Espace
du Faire tel un FabLab, sur la participation individuelle ou collective à
l’élaboration d’un projet au sein de cet espace ou au fonctionnement de
celui-ci. C’est cette participation active qui produit l’inclusion.
L’inclusion fait son entrée dans le travail social dès les
années 2000. Ce concept intègre la personne avec ses difficultés, il la
reconnaît telle quelle comme un élément à part entière de la communauté[1].
Dans les Espaces du Faire, le concept de l’inclusion permet à toute personne de
réaliser son projet au sein du LabLab en participant ensemble aux nécessaires
transitions écologiques et sociales. C’est par définition un des atouts des
FabLabs : l’impossible n’existe pas.
La force réside dans le collectif : il va se mobiliser pour
trouver une solution. Faire soi-même (DIY) devient faire avec les autres
(DIWO), et puis, plus important, devient faire ensemble (DIT)[2].
C’est ce faire ensemble au travers le collectif qui permet
l’inclusion de l’individu, et le valorise : le collectif proposera tant les
solutions que le support au projet individuel. La particularité du maker et de
son projet est non pas noyée dans la masse, mais en devient une partie
constitutive, valorisante du collectif.
[1] Marcel
Jaeger, « L’inclusion : un changement de finalité pour le travail social ? »,
Vie sociale, L’inclusion, N° 11, mars
2015, p. 43-54.
[2] Anglais : DIY = Do It Yourself «
Faire soi-même » – DIWO = Do It With Others « Faire avec ... » – DIT = Do It
Together « Faire ensemble... »
Est un espace de création collaboratif de 400m² équipé
d’outils numériques et traditionnels pour fabriquer et prototyper. L’inclusion
numérique est au cœur de ses actions, par la multiplication d’initiatives qui
favorisent l’inclusion des pratiques numériques auprès des publics en
difficulté. Le FabLab propose des ateliers de découverte de la fabrication
numérique, des stages et des immersions professionnelles et collabore avec les
structures relais de l’insertion pour développer des projets et des parcours
d’apprentissage spécifiques, accessibles, avec des pédagogies adaptées. Il
collecte, reconditionne et met à disposition gratuitement des ordinateurs et
contribue également aux réflexions et initiatives transversales avec le Réseau
d’Inclusion Numérique Gardois (co-fondateur), L@Min (CAF) et avons été partie
prenante de la rédaction du volet Inclusion Numérique du schéma des solidarités
du Conseil Départemental du Gard 2022-2027. Relai local, il est référent RedLab
(Réseau des Labs d’Occitanie) Gard pour RhinOcc, le Réseau et Hub pour
l’inclusion numérique en Occitanie.
Est un FabLab avec la particularité d’être animé par un Chantier d’Insertion. Les salarié·es en insertion occupent le poste de Forgeur·euse – Médiateur Numérique. Le chantier propose une formation qualifiante de 669 heures sur 24 mois maxi permettant d’acquérir de nouvelles compétences sur un large spectre d’activité : La maintenance des machines, la conception et la fabrication d’objets et aussi l’accueil du public et le traitement des commandes de prestations. Ouvert à tous et toutes sans prérequis, le chantier permet de monter en compétences. Les apprentissages se pratiquent en cours d’activité. Progressivement, les salarié·es se professionnalisent : leur accueil, leur posture, leur confiance en eux évoluent et, simultanément, leur envie, leur capacité à transmettre leur savoir-faire acquis en situation de travail. AciLab propose régulièrement des Repair-Cafés ouverts à tout public. Tout un·e chacun·e peut venir avec son objet en panne et tenter de le réparer avec le soutien des présent·es. L’intelligence collective sollicitée et mise en œuvre, le temps d’un après-midi : ce sont les salarié·es qui expliquent et réalisent le dépannage ensemble avec la personne qui, elle, repart avec son appareil réparé et un peu plus de savoir-faire. Il s’agit d’un moment volontairement convivial : le café n’est pas seulement dans le titre, mais encore réellement servi. Il offre un espace-temps d’échange et de valorisation aussi à ceux qui viennent partager leurs compétences. AciLab est administrateur du RedLab et référent maker du département de l’Aude pour RhinOcc.
Aider Clothilde, retraitée, à utiliser une découpe laser pour optimiser sa fabrication de boîte, c’est aussi l’accompagner à savoir utiliser un ordinateur. Faire une animation initiation à la fabrication numérique à des jeunes lors de nos ateliers Orange Digital Center et Fondation Orange ou au FabClub, c’est leur faire découvrir pour la première fois des outils numériques. S’entraider à mieux partager ses fabrications sur les réseaux sociaux avec Ramik, tourneur sur bois, c’est utilser le numérique. Découvrir des outils numériques d’agilité pour une personne en reconversion, utiliser des logiciels libres et ouverts plutôt que des logiciels propriétaires pour des salariés de grandes entreprises, documenter ses fichiers et ses dossiers de montage, savoir fabriquer pour le loisir ou pour le travail… l’inclusion numérique est partout et concerner tout le monde qu’importe son usage du numérique. Ouvert à tous et à toutes, le RoseLab est un espace de fabrication situé à Toulouse à La Cité où l’accessibilité et l’inclusion sont la base pour faire ensemble. Le numérique y reste un outil pour fabriquer, se connecter et partager sans être un frein ou une obligation. Le RoseLab est tête de réseau pour la Fab City Toulouse et la Fab Région Occitanie, il coordonne les Espaces du Faire sur l’inclusion numérique par le Faire pour RhinOcc.
À destination d’un groupe de 8 à 15 personnes, cette
expérience pratique permet à chacun de découvrir les différentes étapes de la
fabrication numérique, tout en laissant libre court à sa créativité.
Après une visite du FabLab qui permet un échange autour de
différents concepts qui s’adaptent selon les objectifs pédagogiques, le niveau
des apprenants et leurs intérêts, l’atelier se poursuit par la réalisation d’un
objet simple à l’aide de la découpe laser.
La première heure de l’atelier est dédiée à la découverte de
la fabrication numérique à travers l’impression 3D. L’observation d’objets
imprimés permet de comprendre le fonctionnement des machines à commande
numérique et de décomposer toutes les étapes d’une réalisation.
La thématique des matières premières et du choix des
matériaux permet d’aborder le sujet des ressources fossiles, du changement
climatique, de l’empreinte environnementale des objets, de leur cycle de vie,
du recyclage. Le format de la discussion libre autour de la création et
l’interrogation des procédés de fabrication permet également d’approfondir les
connaissances du monde de l’entreprise, de la R&D, de la production
industrielle, divers métiers peuvent être présentés.
Après les échanges, place au FAIRE où coopération et
entraide sont les maîtres mots.
Les apprennant·es ont la possibilité de dessiner, à la main
ou à l’aide d’outils numériques, une ou plusieurs formes et messages qu’ils
vont graver et découper sur une chute de bois et ainsi mettre directement en
application les apprentissages du jour. Chaque personne repart avec sa
création.
À destination d’un groupe de 8 à 12 personnes. Devenir Maker
est une idée et une formation répondant à un besoin croissant des territoires,
par et pour acteur·rices et apprennant·es. Sur la base de l’apprentissage par
le Faire, du droit à l’erreur et du faire ensemble, elle est documentée et
mutualisée afin de pouvoir être appropriée, adaptée, transformée et partagée.
Elle commence avec la démocratisation de la fabrication
numérique, parfois mêlée à l’artisanat, et sa capacité à rendre accessible
l’idée que (presque) tout peut être fabriqué ou réparé. Comment ferions-nous si
utiliser le numérique était un frein ? Quoi de mieux que se familiariser avec
un ordinateur pour personnaliser ses vêtements ou fabriquer son mobilier ? Car
oui, la fabrication numérique permet un autre rapport au digital, introduit à
la découverte de savoir faire manuels et ouvre la porte à de nouvelles
méthodologies pour faire ensemble.
Inclure, c’est aussi questionner notre façon de transmettre.
L’initiative est valorisée, l’entraide est nécessaire, les sachant apprennent,
les apprenants partagent. Sous forme de « bac à sable » ou de classe inversée,
il s’agit d’apprendre en faisant et en expérimentant.
Finalement, plus que transmettre ou fabriquer, il est
surtout question de s’ouvrir le champ des possibles tant personnellement que
professionnellement.
Retrouvez l’atelier et la formation sur movilab.org
En 2022 nous, Scool[3],
avons mené une enquête[4] auprès de 26 FabLabs et Espaces du Faire en Occitanie, soit à peu près la
moitié des lieux labellisé par la Région Occitanie dans le cadre de la Fab
Region Occitanie. Il s’agissait de comprendre ces espaces de vie, et la manière
dont ils « font réseau », activité revendiquée comme nous avions pu le
constater au cours d’observations antérieures[5].
Les différents lieux ont donc listé leurs activités, mais ont aussi expliqué
grâce à un outil développé dans cet objectif, leurs partenariats, la manière
dont ils s’étaient construits. L’inclusion numérique fait partie de ces
activités, partenariats, projets, ce qui nous a permis de documenter ce qu’en
font les Espaces du Faire, comment, pourquoi et avec qui[6].
Les Espaces du Faire travaillent en réseau entre eux, partageant
des compétences, des connaissances, des opportunités et aussi des contacts avec
différentes institutions ou entreprises leur permettant d’avoir finalement
accès à un réseau de partenaires beaucoup plus importants que ne le permettrait
leur taille, ou leurs propres activités[4].
L’inclusion numérique par le Faire est une des activités qui
repose à la fois sur le rapport de ces lieux au numérique, par la fabrication,
la nature des échanges qui y ont lieu, les formations, les domaines dans
lesquels ils sont intégrés. Il s’agit alors de familiariser, faire découvrir
des technologies, des possibilités dans un cadre ouvert, sans jugement
préalable, par l’intermédiaire de formations courtes, ou de parcours plus longs
et surtout de la possibilité de revenir, tester, mettre en oeuvre, échouer,
demander conseil, ou réussir à fabriquer.
Rester inclus numériquement nécessite de se tenir à jour par
des boucles d’itération, donc de continuer à apprendre, le plus souvent en
autodidactie, ce qui nécessite un engagement de l’individu, qui peut être
favorisé par le mode de fonctionnement des Espaces du Faire et aussi par les
personnes qui les portent ou y participent. S’il ne s’agit pas ici d’apprendre
à accéder aux services publics par des outils numériques, la familiarisation
avec des logiciels, et réseaux d’échanges peut être un atout.
Mais cela repose sur des moyens, permettant l’ouverture
large des lieux, la présence de personnes capables de les animer et de créer
les ponts nécessaires pour franchir la frontière de l’exclusion numérique, pour
des publics fragiles ou des professionnels n’ayant pas encore eu le temps ou
les formations nécessaires.
Par ailleurs, le travail sur l’inclusion numérique est aussi
un moyen de faire travailler ensemble des structures ou des services qui n’en
ont pas toujours l’occasion, et d’aller vers des publics qui ne seraient pas
forcément les plus familiers de ces lieux et des services qui y sont offerts.
[3] Coopérative
de recherches en Sciences Humaines et Sociales.
[4]
Nathalie
Chauvac, Laurence Cloutier, Adrien Gautier, Antoine Ruiz-Scorletti, Martine
Azam. 2022. Réseaux, partenariats : Les FabLabs et Espaces du Faire au coeur
des territoires : Analyse du réseau des Fablabs en Occitanie. Rapport final
pour la Région Occitanie. Disponible : https://shs.hal.science/halshs-03972683.
[5]
Martine
Azam, Nathalie Chauvac et Laurence Cloutier, « Quand un tiers-lieu devient
multiple. Chronique d’une hybridation », Recherches sociologiques et
anthropologiques, n°46‑2, décembre 2015, 87‑104. Nathalie Chauvac, Laurence
Cloutier et Martine Azam, « Interstices et interactions – Tiers lieux et
FabLabs au cœur de la nouvelle révolution industrielle ? », XX° congrès de
l’AISLF - Sociétés en mouvement, sociologie en changement, Montréal, Québec,
juillet 2016.
[6]
L’analyse des activités d’inclusion numérique
dans les FabLabs et Lieux du Faire enquêtés.
Envoyez-nous un message via notre page contact pour savoir comment faire !