Bonjour !
Une édition née des croisement et des rencontres. Une soif et un appétit. De la joie et des causeries. Quitter le coin de l'écran. La FUN et MakeHerSpace te disent : bienvenu.e.s
Ce cinquième numéro de A3 a été écrit en juin 2022 lors du festival makeHerspace organisé par la FUN. Il a été coordonné conjointement par les équipes de la FUN et par le collectif A3.
Contributions : Maëlle Vilmont-Broch, Laure Bouscasse, Sam Rocheron, Lucas Viot, Sallya Benoit, Izaro Sagarzazu, Gwenaëlle Perrier, Julie Lallement, Cathsign, Florence Cherrier, Kelly Steward, Héloïse Morel, Fabien Vidal, Benjamin Cadon, Morgane bodart, Laura Deveille, Aline Lonqueu, Stéphanie Gembarski, Pauline Quantine, Julie Garnier, Antonin Fournier
Typographie : Justin Bihan (LS-VG5000) pour Bye Bye Binary!
Graphisme : Hugo Sandevoir
makeHerspace
Laure Bouscasse
Anna Mahé
Robarbie
Le FunLab
Bienvenu.e.s
Qui Sont-Elles ?
Par où l’on commence ?
Par le désir désir de se réunir.
Et s’il te plaît, pas dans un énième groupe de travail ou une énième visio, parce que nos pratiques, nos urgences, nos expériences, nos trajectoires, nos manières de faire et nos imaginaires, débordent de la fenêtre de ton zoom.
Se réunir avec le besoin et le soin apporté à le faire.
S’inviter dans nos ateliers, voir comment nous les habitons, comment nous accueillons jour et nuit, comment nous passons notre temps à chercher-créer, fabriquer, partager, rater aussi.
Et par où l’on (re)commence.
Allez viens c’est parti on la lance cette édition zéro.
Flux joyeux de réponses et de rebonds dès les premières discussions et invitations.
Un grand merci ici pour ces engagements et vibrations.
Nos multiples je réunis ces jours-ci inventeront les jours suivants, l’élan demain.
Allez viens dans ce O, dans ce cercle, de l’édition 0.
Make HER space
Make COEUR space.
Make
CORPS
space.
Make OUR space.
Make HER space.
Il y a parfois des formules comme ça qui t’interpelle.
Les mots sont si puissants, la formule et sa magie, qui t’invite à.
Bricoler causer partager un repas danser autour du feu.
Car tu es le feu.
Une playlist réalisée par la communauté ou l'équipe du lieu !
Explorer les courants artistiques, mouvements sociaux ou les pratiques passées qui font l'histoire de nos lieux.
Au début du 20ème siècle à Paris, Anna Mahé s’engage avec sa sœur Amandine dans les milieux anarchiste de l’époque. Plusieurs courants politiques se côtoient et se répondent alors : Anna Mahé s’intéresse notamment aux formes de l’anarchisme individualiste qui propose de s’efforcer de vivre “de façon belle et intense, ici et maintenant.” Albert Libertard avec sa blouse de typographe est une des principales figures de cet anarchisme individualiste. Il a notamment fondé "Les Causeries Populaires" dans lesquelles les deux soeurs Mahé s'investissent.
Les Causeries Populaires ont pour principe de restituer aux camarades les connaissances acquises par les expériences et les lectures, chacun.e est tour à tour vecteur de transmission du savoir. Le modèle de ces Causeries est alors complémentaire à celui des universités populaires qui recherchaient également l’émancipation du peuple et des individus par la connaissance, cette fois en invitant des conférencier.ère.s à intervenir et à partager de l’information. Anna anime le bulletin des informations des causeries populaires, qui deviendra un hebdomadaire l’anarchie ; elle y rédige en orthographe simplifiée et y déploie un travail de typographe. Pour elle, l’orthographe est un marqueur social distinguant celles et ceux qui en ont la maitrise des autres, qui paraissent ignares parce qu’iels font des fotes.
Alors institutrice Anna Mahé renonce à enseigner pour mieux se consacrer aux formes de l’éducation populaire et à son activisme. En plus de questionner l’orthographe et sa symbolique, Anna interroge les programmes scolaires trop chargés notamment selon elle en « catéchisme républicain » (patrie, instruction morale et civique). Elle propose une approche du savoir par l’expérience, invitant par exemple à des promenades dominicales, occasions de sortie de la ville et d’exploration botanique pour les enfants. Préfigurant les vacances scolaires Anna Mahé propose même des sorties estivales, avec “Libertaire Plage” une colonie de vacances avant l’heure.
Parler d’Anna et de l’anarchisme individualiste dans un fanzine dédié à la culture maker permet de faire le lien entre des actions initiées dès le début du 20ème siècle et les enjeux rencontrés par les lieux de partage des outils et des compétences aujourd’hui. Parce que les « Causeries Populaires » comme les causeries proposées au FunLab pendant le festival MakeHerSpace tissent des histoires et mettent en oeuvre des récits, portées par celles et ceux qui les vivent. Lors du festival les participant.e.s auront été invitées à partager leur expérience sur les thémes de l’inclusion et de l’éco-féminisme, mais également à alimenter une bibliographie commune. Chacun.e vient alimenter la réflexion collective, alternant prise de parole et écoute. Nous nous retrouvons également dans l’importance accordée à l’émancipation, à l’expérimentation en pédagogie et à l’apprentissage tout au long de la vie. La culture maker, parfois héritière sans le savoir de nombreux courants de pensée, montre de par son histoire qu’elle place elle aussi l’émancipation et la transmission des savoirs au cœur et au corps de ces pratiques.
>> Pour aller plus loin : Braséro, revue de contre-histoire, N°1, aux édition L'Echappée
Découvrir les lieux à travers des entretiens avec celles et ceux qui les fréquentent
A3 : Qui es-tu ?
Laure, sociologue de formation, j’ai cofondé l’association les Portes Logiques à Quimper.
J’ai commencé par travailler sur les métiers maritimes et les pratiques de l’histoire orale. C’est une pratique de transmission en dehors des milieux universitaires, informelle, qui n’est pas assise sur des archives écrites. L’oralité n’est donc pas considérée comme une science, puisque tu parles de ton expérience. J’ai fait un premier temps de travail autour des archives sonores et du numérique, pour documenter ces oralités. C’est à ce moment-là que j’ai fait une rencontre décisive : Pierre. Il était programmeur, nos compétences étaient complémentaires.
Parallèlement, j’ai travaillé sur un projet de son sur la Cité Jardin à Stains, sur cette question : comment vivre dans ce patrimoine. Nous avions une limite : on ne savait pas comment diffuser du son pour créer des espaces d’écoute collective. Je voulais que ce soit une expérience collective, que personne n’écoute seul.e.
Oui, pas de portable ni d’accès facile à ce type de matériel à cette époque ! Par hasard et chance, à ce moment là Pierre travaille dans une association qui s’appelle Echelle Inconnue, qui est une asso de réflexion autour des inconnus du cadastre (les travailleur.se.s du sexe, les sans-abris, les travailleur.se.s mobiles, etc). Via cette asso il a travaillé sur le projet Mobio, un outil qui permet de pouvoir faire résonner des surfaces. Le principe : un piezo que tu poses sur une surface résonnante pour permettre cette écoute à plusieurs. Un piezo, une poignée de porte Leroy Merlin standard et un Arduino. C’est comme ça que j’ai commencé à bricoler, en me disant que c’était génial ce truc !
Une fois qu’on avait les enregistrements, j’ai commencé à traiter le son sur Audacity, en m’aidant du projet de Pierre qui s’appelle Codelab.fr, un site qui référencent les pratiques numériques créatives sur des logiciels libres. J’ai déroulé le fil, et une chose en amenant une autre c’est via ce projet que j’en suis venue à mettre la première fois un pied dans un fablab. On y va pour faire des prototypes d’autres trucs sonores, je dis oui pour l’accompagner parce que je suis curieuse mais en vrai… c’était l’enfer ! Je ne savais pas où me poser, ni qui regarder. De loin, dans le même lieu, il y avait deux nanas qui bossaient sur les liens entre sexualité et numérique. Elles créaient des prototypes de sextoys à partir de brosses à dent électriques et de gants mapa auxquels elles ajoutaient des capteurs au bout des doigts pour faire des vibrations. Elles avaient aussi disposé une bibliothèque féministe. Je n’avais jamais franchi la porte d’un groupe féministe avant.
Je crois que j’étais déjà en colère, mais jeune du coup ça n’avait pas encore fait chemin. Pour raconter brièvement mon parcours politique, je viens plutôt du monde de l’auto-gestion et j'ai fréquenté les milieux anarchistes et des squats. Jamais à l’organisation, juste je les fréquentais. J’ai trouvé que c’était un milieu très dur, qui ne m’a pas fait que du bien d’ailleurs mais qui m’a beaucoup appris. Dur, parce que des rapports de force implicites, radicaux. Difficile donc pour moi qui n’avait pas une culture fine du sujet, alors que ça paraissait une évidence pour tout le monde. Bon, après je me suis rendue compte qu’en fait personne n’y comprenait rien non plus, mais tout le monde savait donner le change. Sur Paris je n’avais pas fréquenté les cercles féministes, mais j’ai été en voir au Havre où j’étais. Et en vrai, c’était pas super excitant. Mon truc c’était le vélo, du coup je me suis surtout investi là dedans. Bricoler des vélos avec les copain.ine.s, faire des balades à sticker et parfois un peu taguer, c’était vraiment cool ! La vie faisant, je suis partie de mon travail et donc du Havre parce qu’on arrivait pas avec Pierre à développer des projets liés aux pratiques numériques. Dans tout ce qu’on proposait, rien ne marchait. Du coup on s’est dit : on se casse et on monte notre truc. Lui il avait déjà une idée de fablab : un lieu où il aurait aimé apprendre et développer ses pratiques. J’étais loin de tout ça, mais dans ce contexte rien ne semblait impossible. Et c
’est quelque chose qu’il me semble important de préciser : J’ai découvert le monde du DIY, des fablabs par l’angle de la liberté. Et ça m’a carrément angoissé. C’est effrayant de se dire qu’on peut tout faire quand on ne sait pas par quelle porte entrer [...]
>> Découvrir le site des Portes Logiques cofondé par Laure Bouscasse.
Nos lieux dessinent des futurs, tentatives de récits de prospective ou de science-fiction.
Comme tous les matins, les circuits de Robarbie déclenchent la lumière rouge du réveil à 5h55.
En cette journée du 5 mars, commémoration annuelle du grand incendi.cident la journée de Robarbie est très chargée. Ce n’est pas moins de 6 foyers qui l’attendent. Vite, les roulettes de Robarbie l’embarquent vers son premier foyer. Arriver en retard ne serait en effet pas convenable, et à vrai dire, Robarbie ne peut pas se le permettre encore une fois après son dernier bogibug traumatique intempestif. Les règles de la compagnie chal-HER, son employeur, sont, pour rappel, très strictes, et souvent douloureuses en la matière : 5 secondes pour arriver dans le foyer client et se faire insérer la carte d’activation dans la fente inférieure.
Au-delà, une pénalité d’une sucette par seconde est appliquée dans la rétribution alimentaire mensuelle. Ce matin, son premier foyer, c’est chez Mme Rita. Robarbie apprécie y aller car dans ce foyer, elle peut cuisiner et discuter. Cela lui permet d’activer les circuits du lien social et ceux de la motivation, nécessaires pour sa survie. En cette journée spéciale, Robarbie doit cuisiner la recette préférée de Mme Rita, le sang de mars. C’est l’occasion aussi pour Robarbie de discuter avec Rita de l’ancien temps et de se souvenir avec émoi de ses anciens privilèges et activités, avant qu’elle ne soit assignée à la fonction d’aide ménagère, et donc au genre femme.
Texte réalisé lors de l'atelier d'écriture de Science-Fiction animé par Ketty Steward.
Découvrez le modèle de fonctionnement d'un lieu, présenté par les équipes qui le portent.
Modèle éco
- RH : 4 ETP et un contrat d’alternance
- Budget : 230 000 en 2022
- 2/3 financements public, 1/3 ressources propres
Modèle Juridique
- Association loi 1901 avec un bureau, un CA, et une équipe salariée.
- Possibles évolutions vers une SCIC
- 240 adhérents en 2020, 130 après le COVID
Partenaires
Tissu associatif et institutionnel local
(Médiathèque, centres de loisir, compagnons du devoir, guinguettes...)
Organismes de formation (CMA, GRETA, CCI, Beaux-Arts, Lycées Techniques, Institut du travail social...)
Institutions culturelles (Temps Machine, CCC OD de Tours)
Programmes
Open Ateliers tous les jeudis avec initiation
Résidences
Evénements grand public
Parcours éducatif (Fondation Orange)
Temps de rencontre professionnel Tiers-Lieux
Histoire du lieu
Le FunLab est porté par la Fabrique d’usages Numériques, une association créée en juillet 2013. A l’origine on trouve un petit groupe de Tourangeau, dont Romain Lalande et Didier Roudaut (fondateurs), qui découvrent le mouvement maker à la MakerFaire de Rome en 2013. Ils sont pris de l’envie d’ouvrir un lieu pour mutualiser des machines.
Au début il n’y a pas de lieu fixe, les membres de l’association se réunissent un lundi soir par mois au Sanitas, dans un “Quartier Politique de la Ville” de Tours. Au bout d’un an, les Compagnons du Devoir mettent gracieusement à disposition un local de 70 mètres carrés en plein centre-ville. Pendant les trois premières années 2013-2016 : une dynamique bénévole se met en place, il y a des sollicitations pour réaliser des interventions lors de guinguettes, auprès de médiathèques. Fin 2016 on compte près de 130 adhérents.
Catherine Lenoble, auparavant salariée à PING, arrive en 2016 et est impressionnée par la communauté et le degré d’engagement bénévole. Elle constate un contraste entre l’ampleur de cette vie associative et le manque de diversité. Le lieu souffrait d’une homogénéité de genre. En 2016 le MAME est inauguré, porté par la Métropole, et il est proposé à l’association d’intégrer ce lieu totem. Cette volonté politique acte la légitimité de l’association sur le territoire. Les locaux sont plus grands, la dynamique est nouvelle et l’association doit continuer à se structurer, notamment par le recrutement de personnes salariées. Il faut en effet répondre aux sollicitations grandissantes et prendre le relais de la dynamique bénévole qui atteint forcément ses limites. La structure porte l’envie de continuer à se professionnaliser et à créer des emplois, de manière à perdurer tout en poursuivant son évolution.
Dans chaque numéro un tuto élaboré par un de nos lieux.
Tutoriel réalisé à l'occasion d'un atelier de recherche et création inspiré du jeu Who Is She.
Voici la liste des personnalités présentes sur le jeu que nous avons créé lors du festival MakeHerSpace, si vous ne les connaissez pas, allez donc les découvrir.
Simone GIERTZ
Emilie SHORT
Anna MAHE
Ynestra KING
Constance DE SALM
Kathleen HANNA
Solomon RIVERS
Margaret HAMILTON
Andréa DWORKIN
Neri OXMAN
VERSO
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