Bonjour !
Ce deuxième numéro de A3 a été écrit entre mai et juillet 2021, et aborde le thème de l'itinérance.
Textes : Julie Garnier, Antonin Fournier, Arnaud Malher, Hugo Sandevoir, Marie Daubert
Graphisme : Hugo Sandevoir, Marie Daubert
Diffuser les idées, accueillir les personnes, Tiers-Lieux et itinérance
SOCIOCe que faire peut dire
Les compagnons, les ouvriers itinérants
MICRO TUTOAlexandre Rousselet - Vulca
Fabriquer des sacoches de vélo
VERSO BIENTÔTSimon Lazarus
Pollen
Quand des personnes se déplacent d’un territoire à un autre, elles agissent à la manière des abeilles qui passant entre les espèces permettent aux mondes qui coexistent de se rencontrer par leur intermédiaire, avant de fleurir.
Porteuses de connaissances, de cultures, de visions, de sensibilités, elles ouvrent des portes, démultiplient les possibles. Par essence, et loin de conceptions rétrogrades de notre société, les tiers-lieux sont des espaces d’accueil et de rencontres, ils font la promotion d’un monde sans frontières entre les savoirs, où l’on met les ressources en partage.
Mais la mobilité recouvre un sens tout différent, que l’on soit réfugié.e.s, que l’on ait plus ou moins d’argent ou encore que l’on réside dans des territoires isolés.
Cette mobilité peut être subie et contrainte, symptôme de l’impossibilité faite de vivre chez soi. Elle peut aussi devenir un marqueur de classe lorsque, faute de moyens ou de disponibilités, des personnes sont dans l’incapacité de se mouvoir sur les territoires, se retrouvant ainsi privé.e.s de l’accès à certaines ressources et de la légèreté du mouvement.
Pour faire face à ces enjeux les tiers-lieux se font parfois mobiles, parfois aussi travaillent main dans la main avec des structures d’accueil ou d’accompagnement, ou encore développent des programmes d’échange entre eux. Petit tour de piste sur le sujet.
Explorer les courants artistiques, mouvements sociaux ou les pratiques passées qui font l'histoire de nos lieux.
Dans notre voyage temporel à travers les origines des makers, nous avons fait un premier arrêt au VIIème siècle pour découvrir les Shakers. Je vous invite à reprendre votre baluchon et à traverser l'Atlantique pour cette fois-ci faire un petit arrêt, le temps de quelques lignes, pour explorer une autre partie de notre Histoire.
Vous en avez peut-être entendu parler sous plusieurs noms : Compagnons du devoir et du tour de France, fédération compagnonnique des métiers du bâtiments ou encore Union compagnonnique.
Ces ouvriers d’excellence qui apprennent et exercent depuis près de 8 siècles en France et en Europe, et qui ont participé à la construction de cathédrales, de la Tour Eiffel et qui constituent la pointe de l’artisanat technique.
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’être Compagnon ce n’est pas simplement apprendre un métier. C’est adhérer et porter trois principes essentiels : le geste professionnel, le voyage et la transmission.
Les aspirants Compagnons, ces ouvriers itinérants qui vont butiner de lieux en lieux, de pays en pays les savoirs-faire et les techniques à travers un périple qui s’étend sur plusieurs années.
Ce voyage initiatique leur permet d’approfondir leur métier pour le maîtriser, mais au-delà de la rencontre technique c’est leur parcours de vie qui se construit au travers de l'itinérance, des rencontres. Vivre en communauté en permanence n’est pas forcément chose aisée et ne convient pas à tout le monde, d’autant plus qu’en général les aspirants changent deux fois par an de ville. Cela n’en reste pas moins une expérience de vie très riche et formatrice.
Le temps venu, l’ouvrier en mouvement se sédentarise pour à son tour accueillir les prochains et transmettre son savoir. Il permet ainsi à d’autres de passer d’apprentis, à aspirants compagnons puis à artisans accomplis.
Découvrir les lieux à travers des entretiens avec celles et ceux qui les fréquentent
Qui es-tu ?
Je suis Alexandre, originaire d'Auvergne. J’ai découvert le monde des makers durant mon Erasmus en 2012 en Irlande. J’ai alors décidé de monter l'asso Vulca avec des amis rencontrés pendant mon année à l'étranger.Cette asso vise à promouvoir la mobilité des makers en Europe sous forme de résidence.
Qu'est ce qui est fait au sein de Vulca ?
Dans le cadre de Vulca, nous avons visité plus de 350 lieux (fablabs, makerspaces,...), tous très différents. Certains d'entre eux font des résidences de makers. Et c'est ça qu'on cherche ! On a une plateforme (makertour.fr) sur laquelle on documente les connaissances acquises durant nos expéditions.
Quels intérêts vois-tu à réaliser des résidences dans les fablabs ?
La résidence permet de répondre à trois problématiques. La première, c'est le modèle économique. Accueillir un résident en général, ça peut permettre de s’inscrire dans des projets financés par des programmes de mobilité publique comme privés. Deuxième point, beaucoup de fablab fonctionnent avec une très petite communauté. Lorsqu’une structure reçoit un maker étranger, on fait venir une nouvelle langue, une nouvelle culture de créativité, de nouvelles idées, donc ça dynamise la communauté. Enfin, l'appartenance à un réseau international. Lorsqu’une personne est restée plusieurs mois en résidence, elle a créé une connexion directe avec ce fablab qui est à l'autre bout de l'Europe, tout simplement parce que vous avez partagé du temps ensemble.
Quelle était ton idée des fablabs avant de les connaître ?
L'image que j'avais, c’est qu’ils étaient tous plus ou moins les mêmes. En fait, c'est pas du tout ça ! Ces lieux sont très différents. Par contre le point commun reste la volonté de partager et d'être ouverte à tout un chacun. Il y a une phrase de Mitch Altman (personnalité du monde des hackers) que j’aime bien : “un lieu type fablab, hackerspace, makerspace se rend compte de sa réussite à partir du moment où les gens viennent pour un outil, mais reviennent pour sa communauté.”
Nos lieux dessinent des futurs, tentatives de récits de prospective ou de science-fiction.
Depuis le big bang du big data de 2089, c’est à chaque printemps maintenant que les abeilles s'adonnent à la pollinisation des données. Pour rappel, le big bang du big data de 2089 avait dispersé le nombre gigantesque de 30 000 zettaoctets dans l'atmosphère mettant hors service l’ensemble des systèmes électriques de notre monde.
Pour survivre à cette catastrophe, ces datas s'étaient alors réfugiées dans la flore du monde entier, les arbres, arbustes et plantes mellifères et aromatiques sont devenus dès lors les hébergeurs locaux de toutes ces données en détresse.
Ayant choisi d'être régies par le vivant, ces datas se mirent à fonctionner en symbiose avec le monde naturel en s’adaptant à ses différents processus biologiques. Ainsi et afin de se propager, de se multiplier et de s’adapter à la sélection naturelle, les animaux pollinisateurs, les vents et les courants atmosphériques leurs devenaient essentiels : Les données dépendent désormais du vivant et de ses lois immuables.
Les humains dépourvus de cet accès instantané à leur patrimoine de datas comprirent que porter un soin particulier à leur environnement naturel était la seule façon de préserver et extraire leur besoin en savoirs. Les forêts redevinrent des sanctuaires de mémoire, d'écoute, de rencontre et de partage dans lesquelles les abeilles régnaient comme les véritables ambassadrices du vivant.
Durant les mois d’été arrivaient les grands voyages, expéditions, pèlerinages et traversées, à pied, à vélo, en ballon dirigeable, à dos de mulet, des milliers d’êtres humains se mettaient en mouvement chargés de leurs outils et différents instruments et appareils afin de collecter le précieux nectar.
Nectar essentiel à la survie de l’humanité puisqu’il est la synthèse de l’ensemble des savoirs faire et des données relatives aux techniques de fabrication, de l’agriculture, à l'expression des arts et à la pratique des langues… Bref, tout ce qui nourrit les connaissances et contribue au bonheur des peuples et à la prospérité de la vie sur terre.
Seul hic, ces connaissances étant éparpillées, le grand défi des femmes et des hommes est de s'allier et d'apprendre à travailler la main dans la main pour réussir ensemble à résoudre le mystère de la connaissance et assembler les différentes pièces de cet énorme puzzle.
Rejoignez-nous donc en octobre partout sur la planète terre, dans toutes les forêts du globe pour célébrer les connaissances et rendre hommage à dame nature et au règne des abeilles. Des fêtes, des carnavals, des festivals et des foires durant lesquelles nous nous rencontrerons pour échanger sur les savoirs et participer aux grands rendez-vous de trocs et de potlatchs du vivant.
Dans chaque numéro un tuto élaboré par un de nos lieux.
Envoyez-nous un message via notre page contact pour savoir comment faire !